midi libre le 3 juillet

Notre directeur de l'école maternelle a vraiment besoin de soutien. Venez nombreux devant l'inspection académique lundi 6 juillet à 10 h où il est convoqué pour consulter son dossier administratif. De lourdes sanctions risquent de suivre....

chers parents............

Le 25 novembre 2008, dans une lettre ouverte au président de la République, j'ai tenté d'alerter l'ensemble de mes concitoyens sur le désastre républicain qui menace l'école publique et laïque, en leur faisant part de mes inquiétudes de parent d'élève et de citoyen, d'enseignant et de directeur.

Mon seul et unique souhait était alors de provoquer une prise de conscience généralisée de l'urgence de la situation, dans l'espoir de l'ouverture d'un grand débat public sur l'avenir du système éducatif français.

Pourtant, pour avoir voulu défendre ouvertement l'égalité des chances, je subis sournoisement l'inégalité de traitement ! Pour m'être ouvertement opposé à l'aide personnalisée et au fichage des enfants, me voilà inscrit dans le fichier des enseignants à faire taire par tous les moyens et soumis à un véritable acharnement individualisé.

En effet, après plus d'une douzaine de visites hiérarchiques, des sanctions financières (36 jours de retraits de salaire, soient 2100€), l'interdiction formelle de communiquer à la presse , j'ai appris hier qu'une procédure disciplinaire et le retrait de mes fonctions de directeur d'école allaient suivre !

De quelle faute inacceptable suis-je donc coupable ?
Ai-je porté préjudice aux enfants dont j'avais la charge cette année ? Ai-je tenu des propos outranciers ou insultants ? N'ai-je pas fait l'intégralité de mes heures de service ? Ou alors mon seul tort serait-il d'avoir écrit au président de la République ? D'avoir dit haut et fort ce que d'innombrables collègues pensent tout bas ? D'avoir voulu défendre l'école publique et laïque au service de tous les enfants ?

Ma situation personnelle illustre la violence avec laquelle l'administration répond à la demande de dialogue et témoigne de la crainte que ce mouvement de désobéissance civile, inédit dans l'Education Nationale, ne se structure autour des trois collectifs qui n'ont cessé, tout au long de l'année, de lutter pour la défense de l'école :
– le Mouvement des Enseignants du primaire en Résistance Pédagogique,
– le Collectif National de Résistance à Base Elèves
– le collectif national de parents et d'enseignants Ecole en Danger

Ma situation personnelle n'a d'intérêt que parce qu'elle s'inscrit dans l'action de ces collectifs mais n'est rien comparée aux menaces qui pèsent sur notre école.
Et s'il est important que les citoyens, respectueux des droits et libertés dans notre démocratie, refusent l'autoritarisme aberrant dont quelques enseignants sont victimes, c'est qu'au travers d'eux, c'est l'intérêt de l'enfant qui est attaqué !
Je crains de ne plus être dans cette école à la rentrée prochaine. C'est pourquoi je profite de ce dernier jour de l'année scolaire pour vous remercier de votre soutien et vous exprimer tout le plaisir que j'ai eu à travailler ici, dans une jolie école maternelle, au sein d'une excellente équipe enseignante, assisté par un formidable personnel municipal, à tout faire pour prendre en charge vos enfants dans les meilleures conditions possibles.

Avant de vous quitter, je tenais à rappeler que j'ai choisi ce métier par vocation et que je l'ai toujours exercé avec passion ; sachez que je continuerai à le défendre avec conviction, dans le seul intérêt de nos enfants !

Bastien Cazals, le 2 juillet 2009